Prise de poids, SOPK, endométriose : le rôle méconnu des perturbateurs endocriniens
On les appelle perturbateurs endocriniens (PE). Invisibles, inodores et parfois insoupçonnés, ces substances chimiques sont capables d’interférer avec notre système hormonal.. Leurs effets sur la santé sont de plus en plus documentés, et certaines pathologies comme la prise de poids, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou l’endométriose semblent directement concernées. Je vous propose un tour d’horizon de ces substances qui interfèrent avec notre équilibre hormonal, et des moyens concrets pour en réduire l’exposition au quotidien.
Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ? c’est une substance – naturelle ou synthétique – qui peut interférer avec le fonctionnement du système hormonal (appelé système endocrinien). Les hormones sont des messagers chimiques qui régulent de nombreuses fonctions du corps : croissance, sommeil, métabolisme, reproduction, appétit, humeur… Lorsqu’un PE agit, il peut mimer, bloquer ou modifier l’action d’une hormone. Résultat : des déséquilibres hormonaux pouvant impacter notre santé, parfois dès la vie fœtale.
Le lien avec le poids : un impact métabolique sous-estimé Certaines substances, qualifiées d’obésogènes, sont capables de perturber les mécanismes de régulation du poids. Elles favorisent le stockage des graisses, augmentent l’appétit, modifient la sensibilité à l’insuline, perturbent la fonction thyroïdienne et influencent la composition du microbiote intestinal. Résultat : même avec une alimentation équilibrée, une prise de poids peut survenir ou être difficile à maîtriser.
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une pathologie hormonale fréquente chez les femmes en âge de procréer. Il se manifeste par des troubles du cycle menstruel, une hyperandrogénie (excès d’hormones masculines), une résistance à l’insuline et parfois une infertilité. Plusieurs études suggèrent que l’exposition à certains PE, notamment pendant la vie prénatale ou la petite enfance, pourrait favoriser l’apparition du SOPK. Chez les femmes souffrant de SOPK, ces substances aggraveraient l’inflammation chronique, les troubles métaboliques et les désordres hormonaux.
L’endométriose touche environ 1 femme sur 10. Cette pathologie, encore mal comprise, est caractérisée par la présence de tissu endométrial en dehors de l’utérus. Elle provoque des douleurs, de la fatigue chronique et des troubles de la fertilité. Certains PE, en particulier les dioxines, les phtalates et le bisphénol A, ont été associés à un risque accru d’endométriose. Ces substances peuvent favoriser l’inflammation, la croissance anormale de cellules et la dérégulation des œstrogènes, impliqués dans la progression de la maladie.
Autres impacts sur la santé : Outre le poids, le SOPK ou l’endométriose, les perturbateurs endocriniens sont également mis en cause dans :
Des troubles de la fertilité, tant féminine que masculine.Des cancers hormono-dépendants (sein, prostate, testicule). Des troubles du développement neurologique, notamment chez l’enfant (troubles de l’attention, du langage, autisme). Des anomalies thyroïdiennes. Des troubles métaboliques : diabète de type 2, obésité
Où les trouve-t-on ? Les PE sont présents dans de nombreux produits du quotidien :
- Alimentation : résidus de pesticides, additifs, plastiques de conservation (films, barquettes, boîtes), canettes, revêtements intérieurs des conserves.Mais aussi Certains conservateurs, antioxydants, colorants (ex : BHA, BHT, parabènes) présents dans snacks, biscuits industriels, plats préparés, sauces, etc.
- Ustensiles de cuisine : revêtements antiadhésifs (téflon), contenants plastiques chauffés, ustensiles bon marché.
- Cosmétiques et produits d’hygiène : parfums, conservateurs (parabènes, phénoxyéthanol), filtres UV (crèmes solaires), colorants.
- Produits ménagers : désinfectants, nettoyants, sprays parfumés, lessives.
- Textiles, jouets, meubles : retardateurs de flamme, plastifiants, colles, encres.
Heureusement, des gestes simples peuvent limiter l’exposition aux PE :
Dans l’alimentation :
- Privilégier le bio, surtout pour les fruits, légumes, céréales et produits animaux.
- Éviter les aliments ultra-transformés et en conserve.
- Préférer le verre au plastique, surtout pour le stockage et le chauffage.
- Ne jamais chauffer d’aliments dans du plastique (même micro-ondable).
- Laver et éplucher les fruits et légumes non bio.
- Eviter les cuissons à très haute température
Dans la cuisine :
· Remplacer les poêles antiadhésives usées par de l’inox, de la fonte ou du verre.
· Privilégier les ustensiles en bois, inox ou silicone de qualité.
· Limiter l’utilisation du film étirable, surtout au contact chaud.
Dans la salle de bain :
· Choisir des produits cosmétiques sans perturbateurs endocriniens (labels bio, applications type Yuka ou QuelCosmetic).
· Éviter les parfums, vernis à ongles ou produits parfumés inutiles.
Dans la maison :
· Aérer régulièrement.
· Limiter les sprays parfumés, désodorisants, bougies parfumées.
· Choisir des produits d’entretien simples et naturels : vinaigre blanc, savon noir, bicarbonate.
Bien qu’omniprésents, on peut limiter les perturbateurs endocriniens en adoptant des habitudes plus saines et conscientes, et limiter leur impact sur notre santé.La vigilance, l’information et la prévention restent nos meilleurs alliés face à ces intrus invisibles.
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